Le cinéma est la vérité 24 images par seconde © Philippe René Doumic - 1963
Le cinéma est la vérité 24 images par seconde © Philippe René Doumic - 1963
Nous sommes tous des créateurs de fictions. Nous sommes tous Godard.

La magie du cinéma tient au fait qu'elle produit en nous la perception d'un mouvement continu à partir d'une succession d'images fixes (24i/s soit une image prise tous les 41,7 millièmes de seconde), ce que les frères Lumière avaient baptisé du nom de vues photographiques animées.

Un mouvement continu échantillonné à la fréquence de 24 images par seconde signifie que l'on ne conserve de ce mouvement continu que la série d'images instantanées prises toutes les 1/24e de seconde.

Une roue de diligence d'un western spaghetti, celle d'une voiture, nous apparaissent tourner dans le sens opposé à celui du véhicule qui se déplace.

Quand bien même sommes-nous certains du sens réel de rotation de la roue, quand bien même nous savons qu'il s'agit d'une illusion, cette dernière demeure et s'impose implacablement à notre conscience.

Les roues qui tournent à l'envers - Université de Genève © RTS - 2016
C'est d'ailleurs en exploitant ce phénomène des roues qui tournent à l'envers que des scientifiques suisses de cette même Université de Genève ont élaboré une théorie du voyage vers le passé qu'ils résument par le fameux adage : se presser lentement. Notez que pour voyager vers le futur, il suffit de prendre son vélo, sa voiture, voire le train ou l’avion lorsque la crise sanitaire sera du passé.

Bien plus étonnant que ce phénomène stroboscopique, inimaginable même, notre cerveau réalise la même chose ! Il capte de façon discontinue des images du monde extérieur (13 i/s) mais réussit à nous faire percevoir les mouvements en continu. Ces images fixes sont très rapidement montées par un mécanisme de remplissage ou plutôt d'invention, pour restituer une impression subjective de continuité.

Autrement dit lorsque nous avons les yeux ouverts sur le monde, nous serions en réalité déjà un peu au cinéma.

Notre perception serait le fruit de notre projecteur intérieur.

La consommation de cannabis, de LSD ou d'autres substances psychédéliques, voire de certains médicaments qui agissent sur notre cerveau, peut provoquer ces variétés si spéciales de perceptions visuelles.

Voyage Psychédélique © Hareck Lyckeren - GD/Prog - 2013
Arrêtez le défilement dès que des petits points rouges viennent s’incruster dans l'image
Attention ! Ne pas regarder cette vidéo en cas de troubles épileptiques
Toutes ces situations illustrent des altérations de l'étape de montage de notre cinéma interne.

Le nombre magique de 13 images par seconde n'est qu'une moyenne.

Chacun d'entre nous dispose de son propre projecteur personnel, dont l'échantillonnage peut varier autour de cette moyenne pour mille et une raisons : selon notre état mental de stress, de concentration ou de fatigue...

Dans sa Physique, Aristote théorisait l’art comme imitation de la nature.

Il est maintenant possible de modifier cette définition en proposant que l'art imiterait non pas directement la nature mais notre perception de la nature.

"Les vérités sont des illusions dont on a oublié qu'elles le sont." Nietzche.
 / Écrire un commentaire