Je me souviens* que pendant la période où le NAGRA était roi, suivi du temps des DAT, nous avions effectué les repiquages de plus de 3000 films dont un certain nombre de navets.

Le repiquage a été maintenant remplacé par la conformation des directs pour le montage son. Nous avons ainsi travaillé l'année passée sur plus de 70 longs-métrages.

Notre succès était sans doute dû, au début de notre activité, à la recherche systématique de l'azimut du NAGRA ayant servi au tournage qui évidemment n'était pas identique d'une machine à l'autre, loin s'en faut.

Mes confrères hurlaient à la mort que le seul juge de paix était la bande étalon, au détriment de la qualité de la prise de son effectuée par l'ingénieur du son.

Je me souviens que, dans les années 80, nous avions mis au point, avec la société CTM, la conformation des directs grâce à l'utilisation d'un signal time code enregistré entre les perfos et le bord de la pellicule 35 mm pour permettre les montages son sur AKAI DD1000 puis DD1500.

Je me souviens avoir organisé le premier tournage d'un long-métrage en numérique portable (enfin presque !) en utilisant un SONY PCM-F1 couplé à une console STELLAVOX AMI 48, sans oublier la batterie au plomb dont la légèreté n'est pas son fort.

Et puis le numérique s'imposa définitivement avec les DAT... et, grâce à l'audacieux créateur Jean-Pierre Beauviala, le CANTAR vint, enregistreur numérique digital à la mise au point duquel nous participâmes.

Qui pouvait alors penser que nous allions acheter plus de 80 enregistreurs AATON du Cantar X1 au Cantar Mini !

Je me souviens que nous avions innové en louant les premiers COMTEK rapportés des USA par un ami ingénieur du son. Ces systèmes d'écoute HF sont devenus un équipement indispensable sur les tournages de films au point que le mot COMTEK en est devenu un terme générique, comme l'est le frigidaire. Il n'est pas rare à présent de trouver sur un plateau un nombre conséquent de récepteurs d'écoute, de quoi fournir une équipe entière de rugby, soigneurs compris.

Mais notre plus grande fierté est d'avoir participé à la création de CINELA incarné par Philippe Chenevez, inventeur de génie, qui a révolutionné la technique des suspensions et des protections contre le vent.

Notre succès est certainement dû à la confiance que nous témoignent les ingénieurs du son depuis de longues années mais, comme disait Napoléon de ses généraux, le talent ne suffit pas, il faut aussi de la chance.

M. D.


* Petite pensée à Georges Perec.
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