De 35 ans de collaboration avec René Féret, je garde le souvenir d'un réalisateur chaleureux, passionné, d'un cinéaste indépendant, toujours élégant, d'une grande modestie, dont l'oeil brillait de curiosité.
Il avait réussi après les échecs commerciaux des films Fernand et L'Enfant roi (malheureusement un roi sans lendemain), à repartir sur de nouvelles bases, en créant avec sa femme Fabienne et ses trois enfants une petite entreprise autogérée "qui ne connaît pas la crise".
Il avait compris que l'emprise de l'argent sur le cinéma est devenue telle qu'il est vital de tenter de faire des films échappant à l'empreinte du monde, libres et artisanaux.
Le cinéma est plus angoissant qu'un grand bourgogne, disait-il.
Regardons autour de nous, à dix ans, à vingt ans d'intervalle, les films qui ont laissé une trace du cinéma dans l'histoire du nouveau siècle ont été des échecs commerciaux.
Déjà en 1937, Marcel Carné avec Drôle de drame fit un four monumental. Les spectateurs arrachaient les fauteuils de rage en exigeant d'être remboursés ; aujourd'hui, il fait partie de toute cinémathèque qui se respecte.
Le dernier film de René Féret, Anton Tchekhov - 1890, est sorti en salle le 18 mars dernier. Film d'époque retraçant la vie de l'écrivain fuyant sa renommée et ses relations amoureuses pour aller enquêter dans un bagne situé dans l'île de Sakhaline au large de la Sibérie, que Tchekhov nomma l'île aux larmes dans son livre éponyme ; un signe prémonitoire.
En souvenir d'un déjeuner que nous fîmes dans un grand restaurant du boulevard Raspail, cantine de François Mitterrand, qui draguait déjà les jeunes comédiennes, je lève bien haut mon verre de Corton Charlemagne du très grand millésime 2001.
Adieu L'ami.
M. D.
Il avait réussi après les échecs commerciaux des films Fernand et L'Enfant roi (malheureusement un roi sans lendemain), à repartir sur de nouvelles bases, en créant avec sa femme Fabienne et ses trois enfants une petite entreprise autogérée "qui ne connaît pas la crise".
Il avait compris que l'emprise de l'argent sur le cinéma est devenue telle qu'il est vital de tenter de faire des films échappant à l'empreinte du monde, libres et artisanaux.
Le cinéma est plus angoissant qu'un grand bourgogne, disait-il.
Regardons autour de nous, à dix ans, à vingt ans d'intervalle, les films qui ont laissé une trace du cinéma dans l'histoire du nouveau siècle ont été des échecs commerciaux.
Déjà en 1937, Marcel Carné avec Drôle de drame fit un four monumental. Les spectateurs arrachaient les fauteuils de rage en exigeant d'être remboursés ; aujourd'hui, il fait partie de toute cinémathèque qui se respecte.
Le dernier film de René Féret, Anton Tchekhov - 1890, est sorti en salle le 18 mars dernier. Film d'époque retraçant la vie de l'écrivain fuyant sa renommée et ses relations amoureuses pour aller enquêter dans un bagne situé dans l'île de Sakhaline au large de la Sibérie, que Tchekhov nomma l'île aux larmes dans son livre éponyme ; un signe prémonitoire.
En souvenir d'un déjeuner que nous fîmes dans un grand restaurant du boulevard Raspail, cantine de François Mitterrand, qui draguait déjà les jeunes comédiennes, je lève bien haut mon verre de Corton Charlemagne du très grand millésime 2001.
Adieu L'ami.
M. D.